Dans le domaine de l’enseignement et de l’apprentissage (scolaire et universitaire), il est parfois difficile de distinguer ce qui relève de la réalité effective ou de la « légende pédagogique ». Ainsi, un des principaux concepts souvent utilisés en pédagogie nous révèle que lors de nos apprentissages nous retiendrions en moyenne :
10 % de ce que nous lisons
20 % de ce que nous entendons
30 % de ce que nous voyons
50 % de ce que nous entendons et voyons en même temps
80 % de ce que nous disons
90 % de ce que nous faisons en étant réellement impliqués

Cette idée trouve son origine dans le cône de l’apprentissage (Cone of Learning) qui fut développé au cours des années 1940 par le professeur et chercheur en éducation américain Edgar Dale. Le cône Dale est un schéma en forme de pyramide hiérarchisant différentes méthodes d’apprentissage et d’enseignement. Ce schéma sera par la suite réinterprété à de nombreuses reprises et enrichi avec des pourcentages de quantification.
Cependant, bien que rassurantes et sécurisantes, ces données chiffrées ne reposent pratiquement sur aucune base scientifique crédible. Même constat pour la théorie des intelligences multiples de Gardner, qui pèche également par son manque de validations scientifiques et empirique. Ce que nous pouvons cependant en retenir, ce sont des tendances universelles d’apprentissage et d’enseignement, auxquelles s’ajoutent un style d’apprentissage propre à chaque individu.
Dans cette perspective, un enfant est un être humain unique, doté d’un cerveau unique et fonctionnant suivant une préférence d’apprentissage privilégiée : visuelle, auditive ou kinesthésique. En effet, parmi les cinq sens qui nous permettent d’entrer en relation avec notre environnement, non seulement nous nous servons plus particulièrement de la vue, de l’ouïe et du toucher, mais en plus chaque individu à tendance à privilégier l’un de ses sens pour apprendre et comprendre.
Ainsi, l’apprentissage de la lecture chez de jeunes enfants sera plus profitable si l’on sait par exemple tirer une approche multisensorielle, visuelle, auditive et tactile.
Le simple fait d’apprendre à lire à haute voix à un enfant tout en lui faisant suivre les mots qu’il est en train de lire avec son propre doigt en contact avec la page en papier ou numérique peut avoir une grande incidence.
En effet, pendant l’acte de lecture, et ceci de manière tout à fait inconsciente, les yeux ne se contentent pas de suivre les mots mais se déplacent beaucoup sur la page. Ceci fait non seulement perdre du temps de lecture, mais fait également se disperser l’attention de l’enfant dans le texte.
En utilisant sciemment son doigt comme un pointeur, l’enfant s’ancre physiquement sur la page et se concentre exactement sur l’endroit du flux de la phrase sans se perdre. Cette approche toute simple et utilisée bien souvent de manière spontanée et instinctive par le lecteur lui-même, est efficace parce qu’elle permet de solliciter ensemble les perceptions visuelles, auditives mais aussi kinesthésique (manuelle volontaire et active).
Il est possible aussi d’utiliser un stylo ou des petit gadgets amusants comme pointeur au lieu du doigt de l’enfant. L’avantage du doigt c’est qu’il est toujours avec lui et qu’il n’y aura pas d’autre intermédiaire à se passer lorsque viendra le temps d’apprendre à lire sans l’aide d’aucun support.
Stephen Nery, Dec 2017.